L'angle du siège et comment choisir votre coussin : Ce que j'ai appris en 36 ans d'utilisation

Comme je l’ai mentionné dans la première partie de cette série, je peaufine depuis 36 ans la configuration de mon fauteuil et travaille depuis 30 ans dans le domaine de l’équipement médical durable afin d’aider les gens à choisir et à configurer leur fauteuil. Aujourd’hui, je prends appui une fois de plus sur cette expérience pour vous donner d’autres conseils.

(Si vous ne l'avez pas fait, assurez-vous de lire également la première & troisième partie de la série "Ce que j'ai appris en 36 ans d'utilisation" de Bob Vogel.

ANGLE DU SIÈGE

 

Parlons un peu de l’angle idéal. L’angle du siège (appelé également « pente du siège » ou « inclinaison du siège ») correspond à l’écart de hauteur entre les parties avant et arrière du siège.

L’angle parfait varie d’une personne à l’autre. En général, il faut que l’angle du siège soit assez prononcé pour que vos fesses ne glissent pas vers l’avant du fauteuil. Une telle situation pourrait entraîner une force de cisaillement, laquelle pourrait causer une lésion des tissus profonds. Pour en savoir plus sur les lèsions de tissus profonds cliquez ici (en anglais seulement).

En plus de maintenir vos fesses en place, l’angle du siège peut vous aider à garder votre équilibre vers l’avant. L’inclinaison du siège de mon premier fauteuil était de 2,5 cm (1 po). Je trouvais que c’était insuffisant parce que mes fesses glissaient vers l’avant chaque fois que je me propulsais vigoureusement. Au fil du temps, j’ai opté pour des angles de plus en plus prononcés jusqu’à ce que j’atteigne l’angle parfait, soit une inclinaison de 6,4 cm (2 ½ po). Depuis, je ne glisse plus et je parviens tout de même à atteindre les objets dont j’ai besoin à la maison.

Comme c’est le cas pour le centre de gravité (dont j’ai parlé dans mon billet précédent), il vous faudra peut-être plusieurs essais avant de trouver le bon angle du siège, mais je vous promets que ça vaut la peine.

Parlons un peu des coussins maintenant.

 

L’IMPORTANCE DE LA CARTOGRAPHIE DE LA PRESSION ET DE L’EXAMEN AVEC UN MIROIR

Comme j’ai exercé de nombreux rôles dans le domaine de l’équipement médical durable, j’ai eu la chance d’essayer toutes sortes de marques, de modèles et de styles de coussins. De plus, un de mes amis, qui était thérapeute dans un centre de réadaptation près de chez moi, me permettait d’aller à la clinique de positionnement pour qu’on puisse procéder à une cartographie de la pression quand j’avais un nouveau coussin à essayer. La cartographie de la pression est réalisée au moyen d’une carte de pression, c’est-à-dire un coussin muni de capteurs qu’on place sur le coussin du fauteuil et qui fournit en temps réel, sur un écran d’ordinateur, de l’information sur les zones de pression lorsque la personne s’assoit sur le coussin. Les zones où la pression est plus faible s’affichent en bleu, tandis que celles où la pression est élevée s’affichent en rouge. Cette technique permet de voir en temps réel à quel point chaque mouvement ou déplacement, si mineur soit-il, modifie ou permet de relâcher la pression. J’ai fait cet exercice il y a 25 ans, et ça m’a aidé à intégrer certaines habitudes bien simples de déplacement de poids. La cartographie de la pression est un moyen formidable de voir si le coussin assure une bonne répartition du poids. Cela dit, selon mon expérience, c’est un outil parmi tant d’autres, qui ne doit pas nécessairement « avoir le dernier mot ».

Quand je recevais des soins de réadaptation, on m’a répété maintes et maintes fois d’examiner soigneusement mes fesses, soirs et matins, avec un miroir. Chaque fois que j’ai un nouveau coussin, même s’il provient du même fabricant ou même s’il s’agit du même modèle, je m’assois de dessus pendant 15 à 30 minutes, puis j’examine mes fesses avec un miroir. Ensuite, je me rassois dessus pendant une heure, puis je refais le même examen avec le miroir. Cette bonne pratique me permet d’éviter les plaies de pression potentielles (blessures).

J’ai appris à suivre cette méthode après une période d’essai d’un nouveau coussin (nouvelle marque, nouveau modèle) qui s’est mal terminée. La cartographie de la pression du nouveau coussin donnait les mêmes bons résultats que celle du coussin que j’utilisais depuis des années. Et comme le nouveau coussin était plus léger et nécessitait moins d’entretien, j’ai décidé de rester assis dessus toute la journée. Ce soir-là, quand j’ai examiné ma peau à l’aide d’un miroir, j’ai constaté qu’elle était rouge vif et chaude au toucher. Une heure plus tard, elle avait une teinte rosée et elle était toujours chaude. Heureusement, le lendemain matin, ma peau avait repris son apparence normale. Et moi, j’ai remis mon ancien coussin en place.

J’ai tiré trois grandes leçons de cette mésaventure :

  1. Il est important d’examiner sa peau avec un miroir.

  2. Le « meilleur » coussin pour une personne ne l’est pas nécessairement pour une autre.

  3. Il faut examiner sa peau avec un miroir chaque fois qu’on essaie un nouveau coussin!

Bob Vogel dans son Apex C avec sa fille Sarah et leurs chiens Nikko, Saddie (bergers australiens) et Killy (un berger allemand et le chien de service de Bob).

 

À QUELLE FRÉQUENCE FAUT-IL SE PROCURER UN NOUVEAU COUSSIN?

 

Peu importe la marque et le modèle, les coussins ont tous une durée de vie limitée. Après un certain temps, ils ne parviennent plus à soutenir ni à protéger votre peau comme ils sont conçus pour le faire. Il est donc important de remplacer son coussin avant qu’une telle situation se produise.

En général – même si ce n’est pas toujours le cas –, les compagnies d’assurance suivent les directives du régime d’assurance-maladie Medicare et acceptent de rembourser le coût d’un nouveau coussin aux cinq ans. Pour que votre assureur accepte de rembourser le coût d’un nouveau coussin, vous devez vous rendre dans une clinique de positionnement pour qu’un clinicien fasse une évaluation. Je vous recommande de procéder ainsi même si vous payez comptant. Pour obtenir un rendez-vous dans une clinique de positionnement, informez-vous auprès de votre médecin traitant ou communiquez avec votre fournisseur d’équipement médical durable. Comme c’est souvent un long processus, il vaut mieux commencer les démarches rapidement.

Attention! Si votre coussin est endommagé ou si vous constatez, après avoir fait un examen de la peau avec un miroir, que le coussin ne protège pas votre peau comme il le devrait, vous devez impérativement communiquer avec votre médecin sur-le-champ pour demander une évaluation de votre position assise. Ainsi, vous devriez pouvoir obtenir les documents dont vous avez besoin pour vous procurer un nouveau coussin ou un nouveau modèle offrant un meilleur support avant la cinquième année.

 

QUESTIONS À POSER À LA CLINIQUE DE POSITIONNEMENT

 

Voici une liste d’éléments essentiels à prendre en considération quand vient le temps de choisir son coussin et de questions à poser au clinicien et à l’ATP que vous rencontrerez à la clinique de positionnement.

  1. Le coussin est-il imperméable? J’ai pris l’habitude de laver la housse de mon coussin une fois par semaine. Le coussin, je le lave à quelques semaines d’intervalle avec de l’eau chaude en vaporisateur.
  2. La housse du coussin est-elle extensible? Un tissu extensible, surtout s’il est extensible dans toutes les directions, offre une meilleure immersion dans le coussin, laquelle contribue au relâchement de la pression.

  3. La housse du coussin est-elle faite de tissu respirant? La respirabilité est une propriété qui permet de réduire la chaleur et l’humidité, soit deux facteurs qui peuvent contribuer à l’apparition des plaies de pression. (Reportez aux ressources pour en savoir plus.) Pour en savoir plus sur les housses de coussins et les dossiers de fauteuil roulant, cliquez ici.

  4. Lorsque vous êtes assis sur votre coussin actuel, vos jambes s’écartent-elles? Mais surtout, s’écartent-elles sur le coussin que vous êtes en train d’essayer? Si c’est le cas, vous pouvez modifier la hauteur de l’appuie-pieds et le profil du coussin pour assurer un bon alignement des jambes. Pour moi, l’écartement des jambes est un problème vraiment important à corriger. Quand mes jambes sont écartées, je ne me trouve pas élégant, et les choses que je pose sur mes cuisses tombent par terre. Mais le plus préoccupant, c’est que, dans cette position, les jambes inférieures viennent s’appuyer contre l’intérieur du cadre du fauteuil, ce qui crée des zones de pression.

 

Bob Vogel jouant au basket avec sa fille Sarah.

 

NOUVELLES UTILISATIONS POUR UN ANCIEN COUSSIN ET ASTUCES POUR S’ASSEOIR CONFORTABLEMENT

 

À la maison, j’ai la chance d’avoir plusieurs vieux coussins toujours en bon dont je fais bon usage. L’un d’eux me sert de coussin de rechange, et j’en ai placé un autre sur le siège de ma voiture pour ne pas développer des plaies de pression. (Ça, c’est quelque chose que je vous recommande de faire.) Peu importe le moyen de transport, c’est important d’éviter de s’asseoir sur des surfaces dures. Quand je prends l’avion, par exemple, je pose mon coussin sur le siège de l’avion avant d’effectuer un transfert. C’est donc une bonne idée de penser à toutes les surfaces de transfert et d’utiliser des serviettes ou d’autres objets du quotidien pour se faire un coussin.

À propos de Bob Vogel

Bob Vogel est ambassadeur de Motion Composites. Il est skieur professionnel et cascadeur. Lors de la préparation d’une de ses cascades, Bob s’est blessé à la moelle épinière et a perdu l’usage de ses membres inférieurs. Aujourd’hui, il donne plusieurs conférences où il raconte son parcours, à partir du rétablissement de sa blessure jusqu’à l’obtention de sa licence de pilote de deltaplane acrobatique compétitif et d’un prix EMMY de production vidéo et de journaliste. Bob est aussi correspondant sénior avec le magazine New Mobility depuis 1996.